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Ce qui ne peut plus durer en France (bis)

Par LSA Oulahbib

Les syndicats grévistes, anti-usagers de fait puisqu'ils s'agitent pour des raisons strictement politiques, se répandent sur les ondes, on n'entend qu'eux (merci les médias !), et ils viennent donner, sans vergogne, leur définition du service public, de la concurrence, de la privatisation, définitions qui sortent tout droit d'un manuel de propagande pour lequel "l'exploitation" serait la seule source de richesses avant même sa production, ce qui est notoirement faux par ailleurs ; on ne comprendrait pas sinon l'augmentation générale du niveau de vie, à l'exception évidemment des secteurs et des pays qui refusent les évolutions nécessaires ou les font sans prendre certaines précautions dans l'accompagnement (même si ce terme est détesté par le néomarxiste nommé Laurent Fabius).

Or, au lieu de se battre pour l'amélioration en interne de la promotion professionnelle, pour l'accroissement de l'intéressement (refusé par les syndicats à la SNCF), pour enfin l'amélioration parallèle du niveau de vie des salariés et du service rendu au public, les syndicats grévistes refusent de telles avancées et maintiennent plutôt une perception à la fois corporatiste et anarcho-syndicaliste de l'action, l'intérêt singulier se posant comme intérêt général (d'où les dettes, comme le fret à la SNCF). C'est ce qui ne peut plus durer en France.

Lorsque, vendredi dernier, en prenant le RER A à Châtelet les Halles pour aller donner mon cours à l'université de Nanterre, j'observe tristement la vétusté du train, et la traditionnelle ruée de 8h30 dans des rames bien trop espacées pour une telle heure de pointe, alors qu'une privatisation, régulée par une instance vérifiant la qualité du service, (ce fut l'erreur de Margaret Thatcher de la privatiser également et nous en payons pédgogiquement les conséquences), permettrait de nouveaux achats de rames et donc une meilleure fluidité (et une moindre rentrée de voitures dans les grandes villes), je me dis que l'aveuglement, volontaire, s'est aggravé.

L'abîme est pourtant là. Mais l'oscillation encore visible à son extrême bord permet de laisser croire que la chute peut être sans cesse reculée : jusqu'à cela se casse, par une bourrasque un peu plus forte que les autres, comme en banlieue récemment (ah bon ? Quelque chose s'est passée en banlieues françaises? Ah oui ?...). La France s'enfonce (comme en 1940) dans le lâche soulagement des comportements orgueilleux, ceux des vieilles rombières affichant certes leurs atours (TGV), mais qui jouent plutôt le rôle de derniers faire-valoir, vitrines encore une fois, de ce qu'aura été ce pays et qu'il sera dorénavant de moins en moins. Parce que le désir de le voir chuter est plus grand que la volonté de le redresser pour qu'il puisse continuer à remplir sa tâche civilisationnelle historique : celle d'une universalité qui n'opposerait pas liberté et justice, diversité et unité.

Il est en effet incroyable de penser que plus les problèmes d'adaptation, de réajustement, nécessitent des réformes permettant précisément un meilleur enseignement, une meilleure formation, une plus grande solidarité, -ce qui implique évidemment une meilleure économie, une meilleure politique, pour toutes et tous-, plus les forces politico-syndicales qui aspirent à une société "anticapitaliste", c'est-à-dire à une société plus frugale, austère,voire misérable pour le plus grand nombre et prestigieuse pour la nouvelle classe dominante, celle des "élus" du Parti, il est incroyable que tout le monde, le sachant, "laisse faire et laisse passer".

Comme si la liberté de faire et dire n'importe quoi importait désormais le plus, alors que c'est cela justement le dit "ultra-libéralisme" : le fait de dissoudre les libertés économiques et politiques dans une conception qui les figent, les implosent, au profit d'un diktat de type absolutiste, gnostique et toujours à l'avantage d'une élite auto-proclamée comme dans les ex-pays communistes ; la fortune de Castro est paraît-il colossale, sans parler des diverses dictatures arabo-islamiques qui ont beau dos ensuite d'accuser le colonialisme comme cause ultime d'une telle gabegie.

Dans cette perspective la dérive anarcho-corporatiste française est en réalité le seul authentique parti ultra-libéral existant en France: il impose sa façon de voir, au-delà des relais parlementaires et institutionnels. Et le pli a été pris depuis des années sous couvert évidemment d'un discours prétentieux sur les prétendus dégâts du "libéralisme", (inexistant en France), et de la mondialisation. Alors que sans cette dernière les pays du Sud seraient encore réduits à faire l'aumône, soumis à une conception du monde croyant encore que la richesse se crée uniquement au détriment du plus grand nombre, posant les excès de la volonté de puissance comme vecteurs principaux du partage. Sans se douter que c'est en augmentant la taille du gâteau et non pas en diminuant la taille des parts en son sein que l'on atteint la prospérité pour l'ensemble.

De toute façon il n'y avait plus de libéraux en France. Les derniers sont doute morts avec Tocqueville, hormis quelques professeurs actuels, commentateurs précieux d'un Constant, d'un Bastiat, d'un Hayek. L'UMP est libéral comme la lune apparaît parfois fauve ou carrée selon les nuages et la luminosité.

La classe politique française reste en réalité étatiste, c'est-à-dire à la fois paternaliste, centralisatrice et clientéliste, fonctionnant uniquement sur le rapport de forces et l'esbrouffe façon Galerie des Glaces du château de Versailles (aujourd'hui les médias). Elle agit donc contre les intérêts vitaux du peuple, et de plus en plus, l'appauvrissant, le vampirisant pour payer une dette exponentielle qui vient justement par sa cavalerie masquer les incohérences et les astuces, malgré, ici et là, quelques arbres-mesurettes cachant cette forêt de non sens.

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