Irak, Israël : comment le mensonge se répand en France et ailleurs

Par LSA Oulahbib

Vendredi 15 juillet, sur Beur FM, vers 19h30, un commentateur en vient à expliquer qu'en Irak les Américains se protègent en distribuant des bonbons aux enfants, en référence au carnage perpétré la veille par un djihadiste qui se fit exploser parmi ces derniers entourant un tankiste*.

Quand on arrive à perpétrer ce genre d'informations aussi fiables que celles octroyant la responsabilité du 11 septembre 2001 au Mossad, on peut mesurer l'abîme qui se creuse de plus en plus entre la réalité médiatique et la réalité réelle. Par exemple en Irak, expliquer tout par Faloudja est facile, surtout si l'on oublie ce qui s'est réellement passé là-bas, que par ailleurs il existe un processus politique et que ce sont les officiels irakiens, eux-mêmes, qui demandent à la Coalition de ne pas partir. Qui le sait, du moins en France ?

Certes la virulence a baissé d'un cran dans les Milieux Autorisés français depuis que les salafistes algériens ont demandé et obtenu leur affiliation à Al Kaida, menaçant directement la France, d'où le profil bas actuel des dirigeants ; même la nouvelle voix de son maître, Douste, a du en rabattre avec ses analyses des "causes" aussi illusoires que celles qui expliquèrent la guerre d'Algérie et qui aujourd'hui rattrapent précisément la France dans son refus obstiné de comprendre ce qui s'est réellement passé là-bas, à qui, la France, a, réellement, donné le pouvoir (alors qu'elle avait gagné la guerre): à une poignée de racistes baathistes ivres d'épuration ethnique (avec, actuellement, Didier Julia comme soutien et membre, actif, du parti Baas !).

Les fameux analystes voyant l'Amérique, l'Occident, Israël, comme cause, majeure, du djihadisme, n'expliquent pas pourquoi leur découverte ne marche pas pour l'Algérie. Quelle est la cause de l'émergence, de la persistance, du phénomène dans ce pays ? Hormis les éternelles hypothèses sur les causes socioéconomiques (qui ne fonctionnent pas). Nul le sait.

Le Figaro, TF1, (et LCI), ont donc mis un bémol, parlant même de coordination "étroite" entre la DGSE et la CIA, informant, pour la première fois, de l'existence d'un centre de renseignement conjoint à Paris.

Mais au journal Le Monde, on continue à donner principalement la parole à ceux qui voient uniquement dans la cause du djihadisme, les conséquences du néo-colonialisme,libéralisme etc. Certes, certains ne vont pas jusqu'à dire que ces derniers l'ont créé, tel quel, (ce qui se disait pourtant après le 11 septembre, voire le 11 mars), mais le "nourrissent", l'"alimentent", perpétuant encore l'idée que ce djihadisme n'est que la réaction désespérée d'une frange de la population qui sans cela rejoindrait la voie (et la voix) sans failles du Progrès Social. Sans comprendre, (parce qu'il leur manque déjà une explication de la genèse, intrinsèque, du panarabisme et du panislamisme), que ces gens ne veulent pas de ce progrès là mais préfèrent renouer avec l'imitation d'un âge d'or, celui du djihad précisément dans lequel politique et religieux étaient liés (d'où l'absence d'une autorité religieuse unique dans le sunnisme : le Calife ayant la double qualité).

D'où l'impossibilité que ce djihadisme puisse admettre le moindre compromis avec Israël, tentant plutôt, comme le fit le Hezbollah lors du retrait israélien du Sud Liban, de faire pression militairement tout le long de l'actuel évacuation de la bande de Gaza pour insinuer que le repli israélien serait le résultat de cette pression, gagnant ainsi du prestige, en attendant plus...

Qui connaît cette explication en France hormis quelques spécialistes? Ultime argument actuel qui a aussi cours chez les démocrates américains et les rouges anglosaxons : les djihadistes ne supportent pas la présence "étrangère" sur un sol "musulman", d'où leur hargne actuel. Mais on peut immédiatement renverser cette proposition, raciste, en avançant que dans ce cas, on ne voit pas pourquoi il y aurait des millions de "musulmans" sur un sol "chrétien", par exemple en Europe, voire sur un sol "juif" comme la présence des palestiniens israéliens.

Chacun chez soi. Et on aura enfin fini de voir crâner toutes ces donzelles en jean moulant et voile alors qu'elles seraient enfermées depuis longtemps et habillées dans des sacs à patate sur le "sol" dit "musulman", même s'il est de bon ton, à Londres, de prétendre que ce statut est du bien plus aux traditions tribales que strictement musulmanes : mais est-ce si sûr ? Car comment se fait-il qu'en l'espace de 14 siècles, l'Islam a été incapable de vaincre cette tradition ? En Europe, il eut Les Lumières, et il n'est pas vrai que le statut de la femme était aussi peu enviable que sous l'islam, même si en effet celle-ci dut attendre un siècle de plus pour avoir le droit de vote, qui resta censitaire jusqu'à la moitié du 19ème siècle en France, faut-il le rappeler...

Doit-on donc en arriver là ? Au chacun chez soi ? Cela s'inscrit en tout cas en filigrane dans le rejet de la Constitution européenne, si l'on analyse bien. Surtout lorsque l'on articule ce sentiment à celui, diffus, qui ne comprend toujours pas pourquoi les crimes communistes sont restés impunis. Année après année, surtout lorsqu'elle finit par un 4 ou un 5, les nazis prennent des raclées posthumes et cela s'admet; sauf que les communistes, malgré des dizaines et des dizaines de millions de morts (millions, pas milliers, surtout lorsque l'on y intègre les crimes maoïstes), ne voient toujours rien venir et même pavanent.

Dans ce cas les islamistes ont tôt fait de les imiter. Ainsi, plus les crimes djihadistes sont notoires, plus leurs cousins pavanent dans les rues en "condamnant" bien sûr mais se disant sans doute, sous cape, que plus on parle d'eux, même en mal, plus le prestige qui entoure le voile ou l'habit islamiste se renforce et ainsi attire le regard, fascine, effraye, ne laisse pas indifférent, devient à la mode, surtout dans nos atmosphères médiatico-nihilistes où ce qui compte consiste moins en la pertinence d'une action, que son aspect spectaculaire.

Conclusion ? L'aveuglement, qui dure depuis des dizaines années, se renforce. Et même s'obstine. Abreuvé par tous ces nouveaux spécialistes nord-africains issus de la "seconde génération" qui persistent à répandre des contrevérités, dans des oreilles françaises, européennes, américaines qui ne demandent qu'à être converties de leur culpabilité notoire : on est décidément bien loin du temps où Marx pouvait écrire que la mondialisation, voire la colonisation ouvraient la voie à l'émancipation du Genre humain. Aujourd'hui, la Tradition devient une résistance à l'encontre d'une liberté que d'aucuns rejettent au profit de la Servitude volontaire...

Bonjour chez vous ! disait le Prisonnier,"je ne suis pas un numéro : I am a free man !", bien heureux celui qui sera toujours en mesure de prononcer, vraiment, cette sentence, y compris dans sa tête, au creux du silence intime, dans les années qui viennent...

*

* Et la suite de ce carnage aurait pu être on ne peut plus monstrueuse:

" (...) On Saturday, during a funeral for children who died in the bombing on Wednesday, a unit of the Iraqi police stopped a suspicious-looking man approaching the funeral procession and discovered that he was wearing a suicide vest filled with explosives and ball bearings, the American command reported Sunday.

An explosives team disarmed the man, a Libyan, and no one was hurt, according to the American military.

"The bomber was high on drugs and is being treated for the potential overdose," said Col. Joseph DiSalvo, an American commander. The bomber, he said, "came here to kill the grieving parents of the children who were killed on Wednesday."

"I cannot imagine a worse crime." "

In NYT (18 juillet 2005).

***

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