Par LSA Oulahbib
On serait tenté de le croire au vu des péroraisons et de sa couverture politico-médiatique alors que, tout à côté, la Côte d'Ivoire brûle, sombre dans le chaos, mot si chéri pourtant lorsqu'il s'agit de l'Irak.
La disproportion est inouïe. Et lorsque, pour reprendre sans doute son souffle à force d'avoir trop été aller baiser les pas "historiques" d'un échec marquant jusqu'au tréfond les manques d'un national-totalitarisme se réfugiant de plus en plus dans sa première forme, celle du mahométisme militant, lorsque, devant les faits, ces caciques font mine de remarquer le problème ivoirien ils soulignent ce qui est pourtant récusé en Irak : des forces, via les médias et les problèmes de l'heure, tentent de chauffer à blanc une population pour entamer une chasse à l'étranger.
Ce qui s'est vérifié en Irak était refoulé, puis maintenant observé et dénoncé, à la hâte, en Côte d'Ivoire. Bien sûr, il est fort aisé d'en appeler à la différence des situations. Sauf que sur ce point précis, la présence de forces hostiles à la régulation de la situation, il est vain de dire d'un côté que la cause résiderait uniquement dans la présence française ou dans la manipulation des médias, comme il est toujours erroné de penser que la seule présence de la Coalition en Irak serait la cause de l'émergence d'un islamisme virulent.
Lorsque l'islamisme faillit emporter l'Algérie, il n'y avait point de présence américaine dans les environs. Les causes sont donc à chercher ailleurs. Vers une conjugaison de facteurs articulant à la fois le dégoût d'une population devant les fastes indécents d'une caste (des fils de Saddam aux fils de la Nomenklatura algérienne roulant en grosse BM ou en mercedes 600) et une stagnation politico-sociale symbole de la structure islamique dans laquelle tout se fige et se répète redoublant la Tradition puisqu'il s'agit seulement d'être insufflé par un texte censé répondre à tout.
N'oublions pas que la période andalouse dont on nous rabat les oreilles put précisément avoir lieu parce qu'au sein de la société et tout autour la diversité religieuse philosophique ethnique et culturelle permettait un foisonnement incompatible avec l'uniformité islamique qui au fur et à mesure qu'elle s'abattait, fermait les esprits et les coeurs, sans dissension possible ; au contraire du judaisme et du christianisme qui expulsèrent toujours, à terme, les courants refusant la distinction entre le temporel et le spirituel. L'Inquisition fut vaincue, on aimerait observer la même chose dans le monde dit musulman.
Nous sommes donc dans une situation où il devient de plus en plus nécessaire d'écarter les réponses faciles ou à l'emporte pièce pour essayer d'analyser et point seulement décrire les problèmes de l'heure. En particulier l'émergence de ce national-mahométisme, en référence avec cette volonté d'imiter Mahomet dans sa prise de pouvoir, utilisant l'idéologie arabo-islamique comme vecteur, comme outil de propagande mettant en avant l'idée de soumission et d'élévation-fusion dans une entité "arabe" celle de la langue et de sa sacralisation coranique.
Il s'agit aussi d'observer en quoi cette volonté d'effacer cinq siècles de déperdition historique se nourrit du refus viscéral d'une Modernité mûe par l'individualisme et l'association volontaire cherchant au contraire à s'échapper à la fatalité des destinées due au hasard des naissances et à la disparité sociale.
L'absence d'une réflexion autonome, d'une raison critique, peuvent aussi expliquer en quoi devant les affres de la société de consommation certains de ces néo-mahométans peuvent basculer dans sa condamnation radicale. Et il se trouve qu'ils peuvent trouver un écho parmi toute une frange de déçus du léninisme avides de totalisation monofactorielle, voyant dans le monde de la marchandise la victoire des sens, qu'ils récusent, en bons idéalistes, malgré le masque matérialiste qu'ils professent encore.
Cette persistance dans la gestuelle leur permet néanmoins de faire cause commune avec le national-mahométisme et son idéologie arabo-islamique parce qu'ils partagent au fond du fond la même vision austère du monde ; jusqu'à forger cet alter-islamisme qui, peu à peu, du refus des marques, à la diabolisation des OGM, en passant par la légitimation de pratiques culturelles antiféminines, n'arrive au fond à se distinguer encore un peu en interne que sur le seul point de l'indistinction sexuelle, les néo-mahométans n'étant pas prêts de l'accepter, bien au contraire ; mais ce n'est là qu'une contradiction secondaire, qui deviendra néanmoins essentiel, lorsque les néo-mahométans seront assez forts pour se débarrasser de leurs idiots utiles altermondialistes.
Et la Côte d'Ivoire me direz-vous ? Elle ne fait pas partie de la Ligue Arabe, la France ne peut donc rien en dire, rien analyser, tout est la faute des médias manipulés par les Jeunes patriotes du Président ivoirien : cqfd. Néanmoins, La Minute du Sablier vous en dira un peu plus lorsqu'elle sera en mesure de le faire.