Quelle nouvelle Politique Générale pour la France?

Par LSA Oulahbib

D'abord le constat :

La France s'enfonce dans la crise de régime, plus rien ne va politiquement parlant, en Europe particulièrement (voir l'article édifiant du Point daté du 14 Octobre 2004 -p.40- sur l'activité des Français dans les institutions européennes) ; tandis que l'extrémisme gagne du terrain par l'alliance objective brun-vert-rouge, allant du négationnisme de plus en plus décontracté et se drapant même, du haut de son mépris, de science historique, en passant par le souverainisme et le centrisme de poche n'ayant plus que la Turquie comme bouc émissaire pour faire oublier les compromissions sans retour avec l'arabisme et l'anti-israélisme, jusqu'au communisme arqué sur son précarré de privilèges arraché après 1945 dans le secteur de l'intérêt public et à son détriment puisqu'au lieu de le rénover il participe à son effondrement ; sans oublier l'autre pointe extrême, le gauchisme, sa mauvaise conscience tiersmondiste, son néoracisme voyant dans l'Occident la seule source du Mal, poussant même son antimodernité jusqu'à faire alliance avec ce qui le nierait le plus sûrement qui soit, c'est-à-dire l'islamisme ; enfin, planant au-dessus tel un fantôme de la Sociale ressuscité par accident dans ce qu’il croit être encore la Troisième République, le socialisme franchouillard qui a décidé, brusquement, de diaboliser, par opportunisme et archéochristianisme, soit l'Europe soit le libéralisme pour s'accaparer de ce qui reste de l'appareil d'Etat, empêchant ainsi tout mouvement de libération vers un mieux-être populaire ; profitant même de la politique étrangère irréaliste et pro-dictatures arabistes d'un nationalisme gaulliste à bout de course, néo-bonapartisme de bazar vendant les principes, faute de ne pouvoir se battre pour, y acquérant un maigre plat de lentilles lui permettant de maintenir tout juste la fuite en avant des finances publiques ; et le tout prospère, dorénavant, sans entraves, piranhas se pavanant effrontément, s’en prenant ces temps-ci au jeunisme faute de mieux, s'accrochant au taureau France devenu boeuf lui-même persuadé à coup de sondages que tout va pour le mieux ainsi, haïssant même plus Bush que Ben Laden, paraît-il.

Pourtant en économie également, et malgré le sursis de la conjoncture, l'animal France avance de moins en moins, tant il est de plus en plus entravé, saigné, par les intérêts catégoriels et les opportunismes électoraux (dernier en date le recul sur le licenciement compétitif), oubliant ainsi dans l'ivresse du soulagement que procure toujours l'abandon de l'effort qui accompagne, jusqu'à preuve du contraire, la création de valeur, les principes séculaires de production de prospérité qui stipulent que plus les échanges sont régimentés, plus la misère s'accroït, entrainant l'effondrement de la classe moyenne, c'est ce que l'Histoire enseigne (du moins hors de l'Université Lyon III).

En politique étrangère, la déroute est totale, l'aveuglement et l'entêtement deviennent les deux mamelles d'un socialo-chiraquisme qui, outre son échec, patent maintenant, en Europe, refuse d'observer que depuis ses défaites successives face à la Révolution islamiste shiite iranienne de 1979, et face à la Communauté internationale en 1991 au Koweït, le national socialisme arabo-baathiste n'avait pas d'autre voie qu'une politique de convergence avec son propre noyau islamiste sunnite antimoderne, avant-garde mise à la marge pour des raisons uniquement de concurrence politique, mais dorénavant remise idéologiquement à flot, malgré l'échec algérien, par le 11 septembre.

Certes l'islamisme antimoderne avait été mis politiquement sous le boisseau après l'accession à l'indépendance et avec l'aide de l'Occident. Mais il s'est émancipé institutionnellement au fur et à mesure de l'incapacité de ce national socialisme arabo-baathiste à vaincre Israël et à restaurer le jeu d'égal à égal qui existait, croit-il, jusqu'au 15ème siècle.

Le socialo-gaullisme n'a par exemple jamais compris que la dite Révolution algérienne s'est construite sur des bases arabo-islamistes avec en son coeur le national socialisme d'obédience baathiste basé sur l'épuration ethnique (d'où son refus de l'existence d'Israël), copiant ainsi son grand frère allemand (via l'alliance Husseini/Hitler) par la politique de la valise ou le cercueil pour deux millions de natifs, sous le seul prétexte de leur couleur de peau, et le massacre de centaines de milliers d'autochtones.

Par la suite, cet islamisme antimoderne gisant (toujours) au coeur du national socialisme arabo-baathiste quoique expulsé à la frange des organes centraux et juteux du "Pouvoir", a fait de plus en plus sienne (via Samir Amin) de la contestation marxiste visant à discréditer la légitimité de la démocratie dite bourgeoise.

Ceci permit d'effacer, du moins dans l'imaginaire, cinq siècles de déclin arabo-islamiste et d'ajuster son alliance tactique avec l'anarcho-léninisme trotskiste issu de l'échec du communisme stalinien en lui donnant des gages; par exemple en détruisant le coeur supposé de la finance mondiale et ce un 11 septembre, date symbolique rappelant celle du 11 septembre 1973 chilien, si cher à l'extrême gauche, où l'on vit un coup fourré de la Realpolitik entraîner l'Amérique dans le cynisme d'Etat, gagnant certes à court terme sur le national communisme stalinien, mais perdant à long terme le crédit démocratique gagné durant la seconde guerre mondiale, alors que la guerre du Vietnam était en phase terminale.

Le soutien objectif apporté par l'extrême gauche américaine via Chomsky et consorts à l'islamisme antimoderne ne s'explique pas autrement; même si l'on y ajoute en filigrane le discrédit de la démocratie issu du communisme, et les errances de la volonté de puissance débridée des années 50 et 60, avec son technicisme exacerbé qui donna la réaction écologique, et arme aujourd'hui la convergence objective entre celle-ci et cet islamisme antimoderne qui lui donne une direction anticonsumériste et une stratégie de diabolisation de tout échange libre, allant même jusqu'à volontairement confondre la bataille permanente sur les limites nécessaires à donner à la volonté de puissance avec la destruction pure et simple de celle-ci sous prétexte de la sauver de la tentation émancipatrice de type libéral.

Après le 11 septembre, il était évident que des régimes aussi nationalistes et corrompus que celui de Saddam Hussein auraient fait alliance avec l'islamisme anti-moderne, ne serait-ce qu'en continuant à financer les islamikazes palestiniens, à exploser des avions comme la Libye, attendant le moment propice, la suspension du boycott onusien par exemple, pour se réarmer dans les coulisses afin de parfaire la première étape : se réapproprier les lieux saints, mettre la main basse sur le pétrole saoudien, pour aller ensuite vers les extrêmes que le communisme et le nazisme n'ont pas pu franchir: faire sans hésitation d'aucune sorte la guerre nucléaire afin de marquer définitivement les esprits, racheter les cinq siècles d'effacement, quitte à supprimer des dizaines de millions de musulmans, gouttes d'eau sur les centaines de millions supposées en réserve.

Le coup d'arrêt donné par les USA à cette convergence s'est avéré décisif mais reste insuffisant, du fait de ses propres erreurs (entre vieux et jeunes Républicains) et surtout parce qu'il n'a pas été compris d'une "vieille" Europe aveuglée par un Quai d'Orsay myope et rongé par la frustration, celle de ne plus compter pour grand chose depuis la honte de 1939 ; sans oublier son refuge, libidineux, dans un orientalisme revanchard face à une modernité qui sourit bien plus aux anglosaxons qu'à la France depuis la perte, idiote, des Indes et de l'Amérique ; la vente sordide de la Louisiane en étant par exemple le bouquet final, contrats chinois avant la lettre, pour masquer l'échec de la France qui ne comprit pas que les guerres se gagnaient aussi par l'économie et les idées et non pas seulement par le panache aussi blanc et intime soit-il des gargouilles de l'élite française aux gargouillis bien trop abracadabrantesques pour contrecarrer l'esprit de la modernité, c'est-à-dire la liberté de penser et d'entreprendre dans le respect de soi et d'autrui, malgré les empiètements et les outrages, toutes ces choses dont Churchill a su parler avec force à propos du meilleur et du pire, du déshonneur et de la guerre.

Nous en sommes là. Une élite à l'abandon, soignant ses intérêts particuliers en agitant un intérêt dit "général" d'autant plus inexistant qu'il a été vidé de sa substance par l'outil censé pourtant le réaliser et le défendre à savoir une Administration qui est devenue au fil du temps le principal obstacle au retour à la prospérité, masqué par les bouffées d'oxygène de la consommation artificielle et de la croissance mondiale, et à la construction néomoderne du futur.

Qu'entendre par ces termes ? Juste ceci et à deux niveaux, politique et économique : au niveau économique, l'intérêt dit général, -il vaut mieux dire commun comme le pense Jean Baechler-, devrait, par exemple, consister à inciter les entreprises concernées à se tourner de plus en plus vers la robotique, la biocybernétique, afin d'étendre le fantastique marché mondial des robots domestiques vers des tâches quotidiennes de plus en plus fastidieuses pour des individus de plus en plus soucieux de gérer mille activités dont une éducation d'enfants de plus en plus délicate.

Or, par l'essor insoupçonné de l'image, de l'imaginaire, via la construction de plus en plus rapide d'un second monde qui pour beaucoup devient le premier, il s'avère que le monde des robots, le monde de l'image, le monde des fantasmes, fusionnent de plus en plus sous un mode onirique, pour le meilleur et pour le pire. D'où l'enjeu: la production de milliers de programmes d'enseignements, de jeux, de formation permanente, d'assistance à personnes âgées, personnes seules, malades etc...

Ce qui ne veut pas dire une assistance uniquement virtuelle, mais, au contraire, une orientation bien plus affinée, subtile, des interactions et des interactivités, c'est-à-dire un relationnel choisi plutôt que subi, puisqu'il est déjà possible d'entamer une leçon d'anglais à distance et de passer un week-end à Londres via un transport bon marché avec des personnes de chair et de sang non synthétiques. Du moins si cette authenticité de la rencontre est préférée au basculement radical vers la cyberhumanité, à la fusion humanité-biorobots via des puces de plus en plus minuscules permettant de téléphoner, de voir dans sa tête, de jouir, phénomènes qu'il faut évidemment critiquer lorsque la manipulation sans scrupules peut remettre en cause les bases fondamentales du développement de soi.

Le rôle de l'intérêt commun ne consiste pas à fabriquer du réel en plus, bien entendu, mais de l'inciter, d'en critiquer aussi la possibilité, d'orienter enfin l'argent public vers la création de conditions permettant la prospérité de toutes et de tous puisqu'il est évident maintenant que ce n'est pas l'inégalité des origines et des compétences qui sont à l'origine de la misère et de l'insécurité sociales, mais plutôt les freins mis au développement de soi, freins construits par certains forts sans scrupules afin de mettre à l'abri leur volonté de puissance ; sans oublier ces freins construits par chacun lorsque l'analyse du vécu et son évaluation, n'ont pas été poussées jusqu'à leur terme.

En terme de politique institutionnelle, cela veut dire que le Parlement, l'Exécutif, et le Judiciaire se doivent de réformer leurs structures en profondeur pour justement épouser les transformations présente et à venir.

Par exemple en approfondissant le maillage électronique pour rendre plus efficace l'interactivité d'une urbanité s'étendant enfin sur l'ensemble du territoire par une nouvelle rurbanité de qualité ; en accélérant l'ouverture des structures publiques comme l'école, l'aménagement du territoire, par des partenariats capables à la fois de respecter l'intérêt commun et de permettre la prospérité ; mettant ainsi de côté cet obscurantisme agité par les intérêts corporatistes stipulant que la prospérité ne peut être acquise qu'au détriment de l'intérêt commun.

De même, il s'agira de spécialiser le Parlement et les instances régionales, le premier s'occupant des affaires européennes et mondiales, les secondes supervisant l'aménagement, réel, de la France et à tous les niveaux, de la qualité de vie en passant par la formation permanente, le soutien aux plus démunis, une réelle politique des transports au lieu de voir aujourd'hui cet acharnement anti-voiture alors que le fret ferroviaire et le ferroutage battent de l'aile parce que la SNCF a été accaparée par des intérêts corporatistes qui cachent leur appétit bien égoïste en privant la Collectivité de ce qui lui permettrait de densifier ses interactions et ses interactivités.

Les finances publiques devraient être alors redimensionnées non seulement par une prise en compte véritable des recommandations de la Cour des Comptes -qui aurait dorénavant le droit de poursuite- mais aussi par une réorganisation, à plus long terme, de toute l'assiette fiscale, à commencer par les charges sociales des entreprises et des particuliers.

Ainsi leur diminution, progressive, serait proportionnelle à la mise en échelle des investissements infrastructurels, éducationnels, pour la région et la ville, les entreprises payant leurs impôts en nature en quelque sorte au lieu de voir ceux-ci se perdre dans la nature du maquis administratif, le retour sur bénéfice se percevant (dans tous les sens de ce terme) dans une formation adaptée, une maintenance payée par une TVA rétrocédée, etc...un transport maîtrisé et régulier.

Par ailleurs l'individualisation, et donc la mise en concurrence, de la sécurité sociale, de la retraite, de l'assurance chômage, de la formation continue, ne remettrait pas en cause l'existence d'un fond commun de solidarité, et pourrait même être compensée dans son malus par des péréquations spécifiques selon l'assurance choisie : ainsi au lieu de payer un invraisemblable impôt sur la fortune la personne richissime pourrait choisir une assurance dont certains alinéas, en malus, stipuleraient que certains services lui coûteraient plus cher, permettant à des enfants en France, mais aussi dans le Monde, de bénéficier d'une instruction et d'une médication à bon marché.

Ce système calquerait ce qui existe déjà pour certaines écoles privées et autres jardins d'enfants. Il pourrait être généralisé, selon un système de vases communicants cependant, afin que la personne aidée puisse le faire à son tour lorsque, mieux formée, sa situation permettra aux plus démunis d'en bénéficier aussi.

Mais tout ceci devrait se faire sur la base de l'engagement volontaire, ce qui est gérable s'il existe des compensations fiscales à l'instar des déductions perçues lors de donations et de mécénats. Et tout ceci devrait être bien expliqué du point de vue d'une néomodernité qui saurait combiner qualité et quantité, souci de soi et souci du groupe, au lieu de les opposer de façon stérile.

Mais la France est-elle capable de clore en définitive sa propre Révolution? Car celle-ci reste inachevée du point de vue du réel pouvoir rendu au peuple ; elle n'a fait par endroits que copier en pis les prérogatives de la Noblesse et du Clergé en octroyant à des catégories entières le droit de décider à elles seules de l'intérêt commun, ce qui est antidémocratique et antirépublicain ; surtout venant de la part de forces qui en n'ont jamais admis la légitimité et qui aujourd'hui sont prêtes à s'allier avec leurs pires ennemis pour satisfaire leurs intérêts petits-bourgeois ; toute cette frange de pseudo-aristocrates marxo-léninistes avides de refaire le coup de 1789 ou de 1977 pour surgir comme nouvelle classe dominante, créateurs d'Histoire nouvelle, la leur, au détriment d'un peuple dont ils utilisent toujours le nom pour commettre leurs plus grands crimes, imitant ainsi ceux qui le font toujours au nom de Dieu, ces islamistes croyant par ailleurs oeuvrer également au nom du dieu des Juifs et des Chrétiens alors qu'il ne s'agit pas du même Dieu, sans parler de leur conception, inexistante, de la liberté et de l'égalité.

La France peut-elle remonter la pente ? En finir avec la honte, la mise à genoux, l'humiliation, effectuées cette fois non plus par le Germain, mais par une fausse élite qui prétend parler en son nom ? Seule la réponse par les urnes est légitime.

Mais, en attendant qu'une nouvelle génération se lève, n'est-il pas temps de discuter, déjà, entre-nous, de lui préparer le terrain en vue d’une réelle alternance, et non pas un faux semblant, afin que l'émancipation de chacun devienne, réellement, la condition de l'émancipation de tous, et non pas un mensonge comme ce fut le cas avec le marxisme et comme c'est le cas avec un privativisme soit étatique soit marchand toujours prêt à sacrifier la liberté d'autrui pour étendre jusqu'à l'infini la sienne propre maquillée bien entendu avec les grands mots d'usage.

Sommes-nous à la veille d'un tel sursaut, celui de la France de Du Guesclin, prêt pour une Guerre de Cent ans, soeur Anne ?...

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