Par LSA Oulahbib
Encore une fois, la plupart des commentateurs en France, mais aussi aux USA et au Royaume Uni, continuent à développer les mêmes arguments avec des variantes diverses : en gros pour les uns la cause centrale vient de l'intervention en Irak, pour les autres, comme Pascal Boniface, la cause "profonde" c'est "Israël" ; pour d'autres encore, la "the" cause viendrait des régimes dictatoriaux "arabes" soutenus par "l'Occident', sans oublier de remonter à 1996 lorsque à la suite des affaires libyennes et somaliennes une "lutte contre le terrorisme" fut décidée par le G7, "nourrissant" dans ce cas l'islamisme et ses affidés "born again" sur la terre européenne.
Ces divers arguments ne nécessitent pas de vastes recherches historiques pour leur réfutation. Sans avoir besoin de rappeler que le 11 septembre est arrivé bien avant la guerre en Irak, il suffit d'avancer que le discours islamiste et son frère siamois le panarabiste datent bien avant l'existence d'Israël. Par ailleurs l'émergence du Fis en Algérie n'a rien à voir avec une quelconque action "occidentale" anglo-saxonne. Et le soutien de la France à la mafia au pouvoir ne peut pas être le seul facteur déclenchant. Il faudrait remonter plus en amont pour observer que la dite victoire du "peuple algérien" fut en fait celle de la section algérienne du parti Baas, liée également à l'Union des Etats Arabes comprenant l'Egypte, la Syrie, l'Irak...
Dans ces conditions, il s'agit de creuser d'une part les liens théoriques fondamentaux tissés dès les années 30 entre pan-islamisme, pan-arabisme et national-socialisme, le tout contextualisé dans un anti-modernisme retenant de la modernité la Technique (comme ce fut le cas au Japon en Italie et bien sûr en Allemagne...) ; d'autre part, il s'agit d'observer que le refus dans les années 30 de la possibilité d'un Etat Juif était déjà théologiquement fondé par le fait qu'il n'a pas été prévu par le Coran : dans ce cas son existence signifierait que celui-ci s'est trompé, ce qui est inconcevable.
Par ailleurs, les principaux commentateurs semblent sous-estimer voire même négliger le fait que le panarabisme reproche seulement au panislamisme le côté anachronique et immobiliste de ses moyens : il ne remet pas en cause la place constitutive de l'Islam posé comme religion d'Etat dans la plupart des pays dits "arabes" (alors qu'ils sont en fait arabo-islamisés).
Enfin, il ne faut pas oublier que Saddam Hussein cherchait à accomplir ce que l'Iran tend d'atteindre actuellement : reconstruire le Califat, le "vrai" ; quitte à aller jusqu'au bout à terme puisque dans une doctrine du martyr où la mort est plus désirable que la vie (mâtinée ainsi de nihilisme et du soutien de certains altermondialistes post écolo et trotskiste...) il est possible de sacrifier trente millions de personnes si, enfin, la Parole est sauve (à savoir l'extermination nucléaire d'Israël), celle du Coran bien entendu.
Dans "La guerre des mondes" qui s'amorce, les historiens du futur se demanderont sans doute pourquoi les dits plus "éminents" analystes de la question ont préféré minoré les facteurs intrinsèques des motivations panarabistes et panislamistes au profit de facteurs pour l'essentiel exogènes, socio-économiques, politiques, alors que ni l'Afrique, ni l'Amérique du Sud, qui ont eu bien plus à souffrir des volontés de puissances débridées occidentales, n'ont généré une telle tentative totalitaire à dimension mondiale.