Par LSA Oulahbib
Certes, la New orleans ne se réduit pas au jazz, le Mississipi est toujours au Sud, le cyclone a touché une zone équivalente à la moitié de la France, et Bush n'était pas là dès la première seconde (alors que les USA sont une fédération d'Etats...), les USA ne sont pas parfaits ! hurlent les caciques (oubliant les 15 000 personnes françaises mortes de chaud en 2003) et tentant de disperser la fumée des taudis parisiens avec leurs feuilles de choux noiseuses. Ainsi va l'air du temps.
Mais pas seulement en France. Les démocrates américains par exemple sont "verts" à l'idée qu'une constitution en Irak pourrait voir le jour, et en plus sans le mot "arabe" et sans la locution "source principale" pour l'islam ; alors on s'apitoie pour "les" sunnis qui l'exigent, bien que minoritaires. Ils auraient même le droit à eux seuls de tout refuser, de garder leurs privilèges, de s'insurger, tuer encore plus de shiites...Alors on se venge sur la répétition infinie (par exemple le Herald) du non lien entre Saddam et Ben Laden, de la non présence des ADM, du manque d'électricité, des gangs (encore un million d'euros de "récupérés" en Corse...) etc... Mais pourquoi y avait-il eu un embargo ? Qui détruit actuellement les infrastructures avec cette rage qui va jusqu'à assassiner ceux qui participent à des funérailles ? Et Saddam n'avait-il pas envahi le Koweït ? Et armé des Fedayins jurant de reconstruire le Califat ? Et financé les islamistokamikazes palestiniens ? Et le nationalisme arabe n'a-t-il pas préparé idéologiquement l'islamisme concurrent en lui montrant que la prière ne suffisait pas pour imiter les nazis, les mussoliniens et les adeptes de l'Empereur Hirohito ? Qu'il fallait des armes, et l'Iran les prépare, en attendant la grande revanche des chiites sur les sunnites, le sacrifice de quelques millions sur plus d'un milliard de musulmans où est le drame ?
Pour atteindre le niveau symbolique détenu par Hiroshima, il faut faire pire, créer une déchirure spirituelle telle, dégager des forces terribles, celles dont parlait Henri Heine lorsque dans son livre sur l'Allemagne il analysait les forces telluriques déterrées par le second romantisme allemand et son refus, viscéral, de la modernité, forces qui donnèrent le nazisme, tandis que d'autres énergies monstrueuses, en Russie, vomissaient leur haine de l'Europe, se réfugiaient sous les jupes d'un nouvel Ivan le Terrible... Les islamistes et leurs alliés alter préparent ce genre de surgissement, de tremblement de terre...
Sommes-nous dans ce cas, nous les démocrates férus de liberté et de conscience critique, dans la position d'Atlantide ? Sommes-nous dans un bref moment (à peine 500 ans, un millénaire en comptant l'affirmation des villes au XIème siècle européen), une lueur, une larme sur les centaines de milliers d'années d'humanisation de la puissance d'être (plutôt que d'exister seulement comme une pierre ou une plante) ?
J'ai parlé un jour de la résistance des Grecs devant les Perses de Cyrus. Je vois maintenant se profiler une île fragile, précieuse, un joyau si l'on regarde bien, si l'on sait voir, humer, goûter au détour des ruelles le long des fleuves et des animations, au coeur des espoirs qui irriguent la pulsation que d'aucuns cherchent désormais à étouffer.
Pendant ce temps, en France, en Allemagne, les mêmes parlent de "virus" libéral renouant ainsi avec le vocabulaire nazi et léniniste prélude aux purges des purismes idéalistes et matéralistes en réalité puisqu'ils traquent l'imparfait le voyant dans tout ce qui entreprend, pense, librement. Mais, hélas, ceux qui seraient censés s'y opposer préfèrent donner des gages, ou tentent de rattraper leurs erreurs tactiques (comme supprimer les emplois jeunes en France sans mettre à plat, d'abord, les financements et les objectifs de l'Ecole...).
Nous nageons en plein amateurisme fondamental, (malgré la haute technicité en matière d'agit prop : Villepin ne prépare pas sa candidature, mais celle de Chirac (dont il serait le second sur le "ticket") qui vient de se faire porter pâle pour ajouter dans l'émotionnel qui plaît si bien dans les chaumières), tentant d'y échapper par un sursaut sémantique (comme la croissance sociale) alors qu'il s'agirait de ne pas culpabiliser ceux qui prospèrent puisqu'ils peuvent fort bien affiner leur croissance en développement : c'est-à-dire non plus seulement viser la conservation de puissance, (comme le croyait Nietzsche), mais son déploiement en qualité, partage, visant ainsi l'optimum plutôt que le seul maximum.
Qu'il s'agisse de ne pas se gargariser en voeux pieux et belles formules est une chose, mais de là à ressasser les vieilles recettes pour faire peur alors que nous sommes sur la corde raide en est une autre qui ne rassure pas. Sauf si, dans un sursaut inouï, tel le taureau secouant les banderilles mesquines le vampirisant, les bonnes volontés se réunissent, au-delà des spécificités, nécessaires, et, peu à peu, ringardisent en effet les élites "born again" en 1945 et en 1968, en leur disant : tchao ! ok ! Vous avez apporté des choses les gars, ne les simplifions pas, mais maintenant, bon, il est temps d'écouter de nouvelles voix, aussi, de voir de nouvelles têtes également, il y a tant de gens qui font des choses formidables, et ont pensé à des solutions incroyables.
À quand à un concours Lépine de l'invention politique, intellectuelle, spirituelle, économique, culturelle ? On écrirait comme Platon au fronton : nul ne rentre ici s'il n'est géomètre... en idées neuves. Pour qu'Atlandide soit encore. Et même aide le monde à le devenir.