La stratégie chiraquienne de l'après-non ou le simulacre organisé

Par LSA Oulahbib

Apparemment, la victoire du non en France passe bien plus aisément pour un sursaut anti-libéral que pour un réveil identitaire ; ce qui se révèle le contraire aux Pays-bas, soudain las des dégâts d’une ouverture tout azimut à des cultures dont certaines tendances comme l’islamisme sont contradictoires avec les valeurs communes de liberté, de démocratie, de tolérance, qui fondent l’Europe.

Pourtant cette crise identitaire n'est pas loin, elle non plus, en France, mais elle passe plutôt par un désir de Troisième république reconstituée s'incarnant dans sa Poste, son Ecole, son Hôpital, -même si le bourg s'est vidé aux trois quart. Bien loin d'une aspiration millésimée à une subsidiarité savante s'édifiant jusque dans les confins européens ; ou d'un retour aux sources qui verrait les "vrais" français gagner enfin les batailles perdues contre les vilains anglo-saxons.

Chirac, qui n'est pas libéral, puisque, dit-il, cela ne "marche pas", cherche à répondre à ce désir nostalgique, source d'énergie électorale à ne pas négliger devant un Villiers, ou un Bové au second tour, (les socialistes et les verts roulant pour le moment au profit de la gauche radicale, lorsqu'ils ne sont pas sur la touche), en créant, pour de vrai cette fois, ces emplois fictifs (ou "aidés") qu'il avait reproché aux socialistes, tout en niant en avoir construit à la Mairie de Paris...

Ainsi, par un tour de passe de passe, assez bien maîtrisé, Chirac en arrive à nier qu'il y ait eu deux gouvernements Raffarin laissant croire, depuis trois ans, que la lutte contre les déficits publics, la baisse d'impôt, c'était principalement cela l'efficacité, le pragmatisme, qu'il prétend précisément renier, et amplifier, vers son opposé (comme l'annonça Debré mardi matin sur RTL), avec le tandem de Villepin-Sarkozy, tout en arborant une mine à la Teng Hsiao-ping : peu importe la couleur du chat du moment qu'il attrape des souris. Que vient d'ailleurs faire Sarko dans ce dessin animé sinon attacher une casserole de plus à un libéralisme qu'il connaît sans doute aussi bien que l'immigration nord-africaine en France...

Pour Chirac en tout cas le libéralisme-qui-ne-marche-pas c'est l'affairisme (avec une belle avocate de renommée internationale pour vendre les charmes de nos Airbus-aux-déjà-six-mois-de-retard), et la diplomatie c'est l'opportunisme d'Etat, avec un Douste dont la pompe à cirer fera sans doute passer l'ancien ministre des affaires étrangères -comment s'appelle-t-il déjà ?- pour un monstre de rigidité...

Avec Raffarin, il s'agissait, pourtant, d'une bien pâle imitation d'une politique libérale, voire de son opposé radical. La population prit, pourtant, ce mensonge pour du libéralisme, ce qui n'a fait qu'accroître encore plus son animosité un 29 mai.

Couper brutalement les crédits, supprimer avant de recycler, avant d'expliquer le sens de la restructuration des finances publiques, créer, en un mot, des plans secs de réaménagement et faire passer le tout pour de l'efficacité avant l'heure, que d'aucuns à gauche identifieront au libéralisme et à "sa casse du service public", cette politique, étatiste et parisianiste en réalité, s'est avérée de plus en plus irresponsable.

Dès l'arrivée de Raffarin, la logique qui consista à uniquement défaire ce que firent les socialistes, par exemple en supprimant d'entrée de jeu les emplois-jeunes pour les remplacer par d'autres nommés autrement, (et que de Villepin va aussi nommer différemment : emplois-gargouilles ? ), était exactement ce qu'il ne fallait pas réaliser, du moins si l'on voulait réconcilier le peuple et la politique.

La liberté en économie, source de tant de changements positifs dans le monde, fut donc apparentée, voire réduite, en France, à la restriction des finances publiques sans que l'on n'envisagea le moyen de suppléer aux déficits en augmentant le chiffre d'affaires, en restructurant par le haut, en convainquant qu'il n’est point besoin de rendre alternatif une libération des initiatives et un renforcement du bien commun. Ainsi, un cours de grec ancien et un cours d’anglais commercial, un traitement HIV et une kinésithérapie de confort, peuvent fort bien coexister, voire se renforcer l’un l’autre, le second service compensant les coûts du premier, comme cela se fait ici et là avec succès.

Une université, un hôpital, une poste, n’ont pas à être nécessairement déficitaires, surtout dans tous leurs services. Ils n’ont pas non plus à être fermées, leurs finances rognées sans que des aménagements, des conversions soient envisagées, longtemps à l'avance. Un audit des préfectures auraient du être effectué pour comprendre pourquoi l'Administration n'a jamais su ce que cela veut dire un tissu social ; pourquoi en général les partenaires sociaux n'arrivent pas à faire partager cette idée de formation continue tout le long de sa vie pour pallier aux menaces de délocalisation, bien plus importantes venant de Chine et d'Inde que de Pologne soit dit en passant.

Bref, il aurait fallu montrer que tout service, même public et dit non marchand, se doit de diversifier ses activités, en les ouvrant à des associés privés. Par ailleurs, si le gouvernement avait voulu vraiment créer de l'emploi et non du Canada dry, il aurait fallu faire également en sorte que les charges sociales sur les salaires ne soient pas si décourageantes. De quelle façon ? En répartissant autrement les prélèvements, et l’impôt, pour éviter leur impact négatif sur l’activité économique dont la prospérité s’avère nécessaire pour créer de la croissance, mais aussi payer les services non rentables à court terme comme les soins lourds et la formation permanente.

Ainsi, s’il y avait eu moyen que chacun puisse choisir sa protection et sa formation permanente, comme la santé, le chômage, la retraite, et, aussi, ce que je nommerai le droit à la mutation sociale, et donc le droit de passer outre au monopole de la SS en s’affiliant à des compagnies ayant un pouvoir financier mondial, ce choix aurait permis de réduire les cotisations grâce à leurs économies d’échelles, (sans malus néanmoins pour les maladies et les traitements lourds, tandis qu’un Fonds commun de Solidarité mutualiserait des compléments en direction des moins aisés), et alors, là, oui, quelque chose aurait été modifié depuis trois ans.

Par ailleurs, une telle émulsion de l’initiative aurait d’autant plus renflouer les caisses du Bien commun que l’impôt peut être pensé de façon proportionnelle et non plus progressive comme c'est le cas dans certains pays: chacun payant selon un taux fixe plus ou moins élastique, ce qui ne freinerait pas l’initiative, et, au contraire, augmenterait les finances publiques puisque l’activité économique s’en trouverait démultipliée par un pouvoir d’achat renforcé et un encouragement au travail (n'étant pas en effet menacé de payer plus d'impôts par progression géométrique en changeant de tranche du fait d'un surcroît d'activités et donc de chiffres d'affaire).

Mais il s’avère que la vision tronquée du libéralisme s'est trouvée troublée par une appréhension édulcorée, caricaturée, considérant par exemple de façon générale que "le" libéralisme ne fait pas la distinction entre les dépenses d’investissement et les dépenses de fonctionnement, la mauvaise gestion des services publics et leur nécessité.

Pourtant le libéralisme s’apparente moins en un vœu de disparition de l’effort public que d'une volonté politique cherchant à éviter que celui-ci se transforme en clientélisme qui enverrait de fausses informations aux partenaires économiques.

De leur côté, des forces comme les ONG, ont aggravé cette vision réductrice en croyant la compenser par la multiplication des indicateurs parcellaires, sur la faim, le niveau de vie, la santé, sans se rendre compte que leur insuffisance est bien plus liée à l'inexistence de ces causes premières que sont les libertés de penser et d’entreprendre, plutôt que le seul affaiblissement de l’effort public.

Ce sont ces libertés qui conditionnent la bonne condition de tous les indicateurs que ces ONG mettent sans cesse en avant.

Autrement dit, l’existence de régimes dictatoriaux a bien plus été la cause première de la misère que la réduction des finances publiques qui n’a fait que l’aggraver ; mais la présence de celle-ci est apparue comme étant seule décisive et les affirmations d'un Alain Madelin n'ont pas aidé à donner une autre image du libéralisme...

Bref, de part et d’autre du spectre des explications anti-libérales, les confusions se sont aggravées. Les excès de puissance propre à l’humain lorsqu’il se veut sans limites et s’actualise dans le bureaucratisme, -(couper, ici, des crédits, faire, là, au même moment, des dépenses inconsidérées pour appartements parisiens)-, dans l’appât du gain, dans l’affairisme, sont amalgamés à l’existence d’un bénéfice, net, résultant, en moyenne, non pas d’une extorsion comme le croit le marxisme (qui, elle, se déduit plutôt de l’excès), mais d’une organisation rationnelle du travail disait Max Weber et d’une densité donnée de l’innovation soulignait Joseph Schumpeter.

Le Tandem de Vuillepin-Sarkozy sera-t-il à même de démontrer que faire reculer l'anti-libéralisme en France consisterait à réellement donner sa chance à la liberté au lieu de la réduire à la coupe de la dépense publique ou à la fuite en avant clientéliste et affairiste ? Rien n'est moins sûr...Chirac prépare sa réélection et se sert de deux marches pieds au lieu d'un en adoptant la même tactique que Fabius : prendre la France par sa fibre républicaine, au détriment de la liberté, comme d'habitude.

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