La dernière chance des Verts allemands

Par LSA Oulahbib

En s'alliant avec les libéraux et les chrétiens-démocrates, comme leur a suggéré d'ailleurs leur leader, Joschka Fischer, le soir même des résultats, cette ouverture politique permettrait aux Verts allemands d'accomplir ce que les Bleus de Brice Lalonde n'avaient pas réussi à réaliser, -(mais si les verts allemands le font, alors tout sera à nouveau possible en France pour les écologistes réformateurs et libéraux): aller au-delà de la diabolisation et des simplifications opérées par les derniers fervents du totalitarisme communiste, pour atteindre le but de civilisation et seulement lui, celui de l'unité dialectique, conflictuelle, mais nécessaire, fonctionnellement et spirituellement, entre liberté et qualité, le tout étendu à toutes les relations sociales, humaines, environnementales, comme affinement de soi.

Mais comment les Verts allemands pourraient-il y arriver ? Un Cohn Bendit épaulera-t-il Joschka Fischer dans cette voie traçant fièrement qu'il ne faut pas confondre les excès permanents de la volonté de la puissance et les fondements de l'économie de marché qui n'ont rien à y voir, même s'ils peuvent être pervertis par eux ? Rien n'est moins sûr.

Certes, il est plus aisé de voir uniquement dans l'appétit humain, les désidérata formels de l'époque censés le produire de bout en bout, il est plus facile d'accuser "le" dit "système" (mondialisé depuis des lustres) de la pauvreté plutôt que d'analyser les raisons exactes de celle-ci. En effet certaines ont à voir, d'une part, avec le non respect de certaines lois aussi fondamentales que celles de l'électricité, à savoir l'équilibre entre la liberté de penser et d'entreprendre dans un cadre qualitatif de respect d'autrui. Et ce même si les situations sociales diffèrent par le jeu combiné des compétences des spécialités et de l'héritage. Leurs effets pervers doivent être combattus en aidant les plus méritants plutôt qu'en captant un surplus dont rien ne dit par ailleurs qu'il sera redistribué à bon escient, c'est-à-dire en permettant de repartir de l'avant au lieu de ghettoiser dans le minimum vital.

D'autre part, il n'est pas possible de négliger la complexité des tentations permanentes de la nature humaine à profiter des situations acquises et des positions hégémoniques et qui persistaient y compris dans l'idéal communiste atteint au 20ème siècle : celui du camp de travail.

Ces deux éléments, telles que les conditions sine qua non permettant objectivement la prospérité, et celles qui parcourent le monde humain depuis sa naissance, (les conflits existent par exemple y compris dans la plus petite des communautés assemblant aujourd'hui les derniers peuples premiers), ces deux fondamentaux doivent cesser d'être relativisés ou dénigrés par des pensées tronquées, idéalistes au sens nocif du terme, même si elles s'appuient pour le justifier sur des injustices réelles que leurs solutions ne font cependant qu'empirer : aucun pays, développé ou pas, ayant appliqué les thèses communistes et tiersmondistes, n'a pu arrêter la détérioration de l'environnement et susciter la prospérité, la liberté.

En réponse, certains préfèrent accuser, dans l'échec du communisme, le fondement rationaliste et scientifique commun avec le libéralisme, d'où la nécessité, croient-ils, de supprimer ce dernier, et, en son sein, l'idée même de développement (par exemple Edgar Morin), pour empêcher ainsi la déviation du premier puisqu'il réapparait sous une nouvelle virginité.

Ainsi, au lieu de critiquer les manques et les excès de toute société humaine, par exemple en expliquant la nécessité du principe de qualité (si cher à Toyota) au coeur d'un certain productivisme (ne serait-ce qu'en facilitant institutionnellement l'action démocratique des associations de consommateurs, sans pour autant sombrer dans l'excès qu'est le principe de précaution...), les néo-communistes, à l'opposé, cherchent à freiner la structure profonde des sociétés urbaines en tentant de casser leur fragile autonomie énergétique maintenue à peine hors de l'eau grâce au nucléaire, et de briser la stabilité de leur stratification sociale en cherchant à remettre en cause, au lieu de l'améliorer, la diversité, la spécialité des compétences et leur récompense qu'est l'héritage transmis entre les générations.

Autrement dit, au lieu de chercher à faire plus en tentant de solutionner les inégalités injustifiées (comme les positions hégémoniques, les tricheries, les appropriations, gaspillages et vols déguisés du service public qui empêchent d'aider les plus méritants sous forme de bourses, etc), certains utilisent tous les prétextes, comme le faisaient les communistes et les nazis, pour profiter des dysfonctionnements afin de casser, briser, les reins d'une société de plus en plus urbaine, complexe, mondialisée.

Lutter contre la pollution par exemple (alors qu'elle est bien moindre que naguère, tandis que le réchauffement est bien plus complexe comme l'a démontré Bjorn Lomborg) visera non pas à améliorer les choses, (telles que la pollution, réelle, elle, des décharges sauvages le long des rivières, au sein des océans), mais à attaquer le mode de vie, sa qualité, afin d'appliquer l'utopie, celle du retour au supposé village innocent d'autrefois, tandis que l'on laissera la volonté d'être, d'aller et de venir, à la bête, au loup, à l'ours, de nouveau déifiés à l'instar des religions polythéistes et leurs moeurs les plus inhumaines pourtant.

Un geste, politique, philosophique, inédit des Verts allemands, permettrait de rompre avec cette pensée fallacieuse qui a tordu le bâton dans l'autre sens en enlevant la liberté, la responsabilité, du coeur humain, pour la placer uniquement dans les mains d'une bureaucratie désormais adulée ou portée aux gémonies selon qu'elle avance dans le sens de la falsification ou s'y écarte lorsque le réalisme reprend enfin le dessus. Les Verts allemands seront-ils capables d'un tel sursaut ? Cela peaufinerait leur aggiornamento actuel au lieu de le voir comme une capitulation alors que les tenants d'une telle démonciation n'ont rien d'autre à proposer, tout en le niant, bien entendu, que le retour à l'âge de pierre, au coeur de "village" aseptisé, noyé dans les flon flon obligatoires, la guimauve hypocrite de "tout le monde il est bon, tout le monde il est gentil", le Village du Prisonnier.

Les Verts allemands, en faisant alliance avec les chrétiens démocrates et les libéraux, permettraient de s'écarter définitivement de cette nouvelle tentation totalitaire, tout en cherchant à accompagner plutôt qu'à détruire, la puissance de la liberté comme l'écrit Yves Roucaute.

S'ils ne le font pas, ce refus renforcera, en Allemagne, comme en France, les nouveaux totalitaires néocommunistes de l'alliance alter-islamiste (se servant de l'islam comme outil anti-moderne d'installation d'une société talibanisée, austère et triste pour tous), avide d'accomplir, avec l'innocence des premières fois, les mêmes erreurs du 20ème siècle, qui ont tant coûté, tout en aggravant les dysfonctionnements au lieu de les résoudre. Ils s'appuient d'ailleurs pour ce faire sur la vieille droite centralisatrice étatiste et nationaliste, s'en servant comme repoussoir, pour effrayer la nouvelle génération soucieuse de qualité de vie et de liberté.

Il est temps qu'en France et en Allemagne, une réelle alternative empêche ce jeu de miroir et tourne enfin la page de l'idéologie en pleine renaissance, comme si rien ne s'était passé, alors que tant de dangers s'amoncellent à la façon d'un nouvel horizon cyclonique s'avançant à l'instar d'une barre, celle de l'Histoire humaine à la recherche du nouvel esprit du temps qui donne le là, et structure le souffle de l'époque. A nous de l'orienter plutôt vers le renforcement de l'affinement que vers son amoindrissement puis son étouffement.

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