La dangereuse culpabilité envers l'islam et le nationalisme arabe

Par LSA Oulahbib

En décryptant la prose des commentateurs, français, démocrates et récemment républicains américains (mais aussi africains, arabophones, berbères, etc), une chose émerge à propos de l'islam et le nationalisme arabe en général, l'Irak en particulier : la totale opacité, l'impuissance systématique à ne pas pouvoir comprendre que cette violence qui fait rage a été accumulée depuis des siècles ; qu'elle s'est répandue lorsque la Turquie a quitté le Proche Orient en 1923.

Puis, en s'accouplant avec les nationalismes japonais italiens et allemands cette violence s'est constituée en système totalitaire désireux uniquement de renouer avec l'âge d'or. Car le contact avec la modernité l'obligerait à se transformer. Ce qui est impossible, le texte même du Coran l'interdit, les principes baathistes (Baath : Résurrection) également.

Il faut partir de là. C'est un préalable. Au lieu de chercher des boucs émissaires par culpabilité, néoracisme stipulant que seuls Bush, Israël, le colonialisme désirent la domination... Pourquoi pas ne pas accuser également la Turquie tant qu'on y est ? N'a-t-elle pas ouvert la boîte de Pandore en se retirant à l'époque ? Ne jouait-elle pas le rôle de Saddam Hussein en confinant les aspirations qui un jour ou l'autre surgiraient ? Les anglais n'ont-ils pas participé à la création de l'illusion, celle du Califat (alors que la France s'y opposait à l'époque pour protéger le Liban), en faisant émerger artificiellement l'Arabie des Saoud, la Jordanie, et, dans une certaine mesure, la Syrie et l'Irak (La France, elle, a fait émerger artificiellement l'Algérie...et ne parlons pas de la carte africaine)?

N'oublions pas par ailleurs qu'à l'époque aucun nationaliste arabe ne parlait de Palestine, mais de Grande Syrie, tandis que certains féodaux étaient bien contents que les juifs s'installent puisque leur effort contre la désertification apportait du travail et un début de prospérité. Du moins à partir du moment où les juifs se contentaient de commercer au lieu de réclamer le fait de sortir également du rôle inférieur que le Coran leur avait minutieusement constitué. Les féodaux leur vendaient même des terres, des marécages, des terres arables aussi mais que personne ne voulait cultiver tant les villes, l'industrie, le commerce, attiraient, comme partout, les paysans. Les juifs se sont installés là où personne ne voulait. Par conviction, idéal communautaire d'un socialisme pratique pour certains, retour à la terre des ancêtres pour les autres.

Tout commence aussi là. Au fur et à mesure que la complexité juive apporte simultanément modernité et recherche des origines, que les nationalismes japonais, italien et allemand s'affirment dans cette optique également mais dans une option agressive, totalitaire,le nationalisme arabe et l'islamisme se nourrissent, de leur côté, de toutes ces influences pour asseoir leur but en propre : se préserver des changements en renouant par imitation avec une époque qui nécessairement n'admettait pas une indépendance juive et chrétienne. D'où le refus de la constitution d'un Foyer juif puis d'un Etat.

Que les juifs veuillent retourner dans la région, voire combattent les anglais qui tergiversent à propos du Califat, soit ; qu'ils fassent preuve de leur ingéniosité proverbiale d'accord, mais c'est tout. Pas d'Etat, évidemment. D'où par la suite l'alliance de plus en plus profonde entre nazis et arabo-islamisme, non pas pour des raisons tactiques mais de connivence idéologique au-delà des différences évidentes.

Hitler disait qu'il s'agissait d'une lutte entre les allemands et les juifs, pas du tout entre les allemands et les autres peuples dont les gouvernements n'étaient en réalité que les jouets des juifs. Les nationaux-arabo-islamistes ne pouvaient pas ne pas être impressionnés par cette analyse puisqu'ils voyaient déjà des transformations s'effectuer allant à l'encontre d'une homogénéité morphologique nécessaire au retour du Califat. A l'époque, répétons-le, il n'était pas question pour eux de voir la constitution d'un Etat juif, pas plus que d'un Etat arabo-palestinien...

Il faudrait donc reprendre un par un le jeu des acteurs des années 1930 pour comprendre l'origine de ce qui s'est abattu sur le monde depuis, l'Algérie par exemple étant peu à peu devenue un terrain de manoeuvre de cet national-arabo-islamisme, profitant évidemment des impérities franco-françaises, ce qui permettrait de saisir pourquoi il se radicalise aujourd'hui.

Septembre 2001 a existé avant avril 2003. Les baathistes et les benladenistes étaient concurrents à l'époque, mais d'accord sur le but. Tôt ou tard, le rapprochement aurait été visible, quitte à s'en prendre aux kurdes et aux shiites à terme. Le 11 a été le déclencheur, le point de ralliement, stipulant que l'islamisme désormais mène le combat en tête et cherche le moindre prétexte pour se répandre. Dire qu'il ne faut pas lui en donner revient encore une fois à "chamberlainiser" la question en posant qu'il ne fallait pas provoquer Hitler lorsqu'il a envahi la Tchécoslovaquie...

Il n'est donc pas possible de comprendre la nature de la rage si on la limite aux diverses explications conjoncturelles qui ne saisissent pas l'essentiel : le fait que le national arabo-islamisme, aux abois, surtout lorsqu'il se trouve concurrencé par les chiites attendant depuis 13 siècles leur revanche, n'a pas d'autres solutions que d'aller encore plus loin dans l'horreur.

"Nous" (nous les démocrates épris de liberté, de partage, d'universel et de respect de la singularité) n'avons pas à battre notre coulpe alors que les principaux massacreurs sont les totalitaires panarabistes et panislamistes. Aussi est-il regrettable d'observer des gens épris paraît-il de paix, de la gauche à l'extrême droite, en passant par des associations berbères (par exemple celle de Bagnolet), s'affilier au mensonge stipulant que les juifs (et Bush) sont principalement responsables de l'impossibilité d'une solution au Proche Orient et en Irak. Les attentats en Irak n'ont rien à voir avec la présence de la coalition, mais plutôt dans le refus des Baathistes-islamistes de voir un espoir de plusieurs décennies, celui du Califat, disparaître dans le puit sans fond (mais point sans tumultes) de l'Histoire.

Par ailleurs, le fait que l'Autorité palestinienne refuse de désarmer les islamistes, préalable à la continuation de la dite feuille de route, voire légitime les attentats à venir en confirmant que ceux du passé ont été pour quelque chose dans l'évacuation de Gaza en dit long sur le refus, évident, du fait israélien, par les instances palestiniennes, quelles qu'elles soient. Surtout lorsque l'on entend leurs discours en direction d'oreilles consentantes qui ne peuvent en rien saisir le problème si elles ne le mettent pas en perspective.

Ne serait-ce par exemple de considérer également (en plus de ce qui a été dit précédemment) que les implantations en Cisjordanie, (suite à une victoire que l'on ne reproche pas à la Turquie sur Chypre et à...Constantinople), se sont faites non pas en expulsant les palestiniens arabophones de leurs villages, mais en s'installant sur les collines. Que des aménagements soient envisageables ne veut pourtant pas dire qu'ils faillent éliminer avant tout la présence juive, comme si celle-ci avait empêché la prospérité d'advenir dans les villes et les camps palestiniens, maintenus en l'état par ceux qui veulent s'en servir comme plaies à montrer, à l'instar de ces mendiants qui cassent exprès les jambes d'un gosse pour en appeler à la compassion.

Or, il semble bien que les nationalistes arabo-islamistes veulent une telle éradication des juifs, quand bien même Israël (deux départements français) se réduirait à la taille d'un quartier, d'un ghetto au fond ; le viol le saccage et la destruction par le feu des trois synagogues à Gaza en ont été l'une des innombrables preuves ; peu importe le fait de savoir si leur non démantèlement a été délibéré ou pas comme le prétendent certains commentateurs pieds et poings liées désormais par leur fascination masochiste envers le spectacle et la symbolique d'un national-(arabo-irano)-islamisme qui à terme se retournera pourtant contre eux puisqu'ils expriment une modernité que ce dernier exècre.

Il est en réalité regrettable que par un concours de circonstances (encore à détailler) la culpabilité mal placée incite à ne voir dans les problèmes du Proche Orient et du monde dit "arabe" (ce que désormais certains en Irak contestent...) que le reflet de la volonté de puissances occidentales et...sionistes, renouant ainsi, par d'autres mots, et en s'appuyant sur d'autres apriori, avec la haine anti-moderne et anti-juive qui a été le berceau du nazisme et du stalinisme.

Il est également dommage que cette même culpabilité sous-estime les capacités intellectuelles de ces nouveaux totalitaires prenant le Coran comme "horizon indépassable" ; un Gilles Kepel par exemple a expliqué sur RMC en présentant son ouvrage "Al-Qaeda dans le texte" que Zarkawi aurait "trois neurones" ou que les écrits de Ben Laden sont insignifiants alors qu'ils s'inscrivent dans une logomachie prenant constamment en référence des faits d'armes passés, éludant les questions idéologiques parce qu'elles ont toutes été résolues par l'islam. La question est donc, par exemple, juridique, militaire, pas du tout philosophique, ou comment appliquer sous formes de lois et de pratiques multiformes la nomenclature islamique. Ben Laden et consorts n'ont donc pas à manier un discours dont la sémantique se situerait à l'extérieur de la tradition imitant Mahomet ; seul le Numéro 2 d'Al-Qaeda s'y risque, Ayman al-Zawahri, afin de rameuter les sympathisants occidentaux, comme Garaudy ou Baudrillard, et leurs clones alter-islamistes.

On le voit, au lieu d'essayer de comprendre pourquoi les pays dominés par l'islam et le nationalisme sont les seuls à ne pas se développer (l'Afrique vivant encore les affres de son tiersmondisme marxisant, l'Amérique du Sud et l'Asie s'en sortant peu à peu), certains cherchent d'abord à s'auto-flageller, à trouver des causes dans un colonialisme et un postcolonialisme (vieux de plus de quarante ans maintenant) parfaits boucs émissaires qu'il ne s'agit certes pas d'exempter de certaines responsabilités mais que l'on ne peut guère poser comme étant "la" cause "même" de ce qui ne marche pas dans ces pays là.

Tant que dans les profondeurs des peuples, n'émerge pas ce désir d'en finir avec la fausse culpabilité (ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas en avoir...), les nouveaux totalitaires auront beau jeu de montrer les plaies de leurs ouailles avant d'enfoncer les couteaux (aux dents de plus en plus nucléaires) dans les gorges de celles et ceux qui s'y pencheraient, par naïveté, conviction, néoracisme (un non blanc est bon et ne peut être qu'une victime à "trois neurones"), parce que c'est la mode, avec le dégonflage des 4/4, boucs émissaires parfaits, alors que Paris ou Londres sont bien moins polluées qu'au 19ème siècle à l'époque du tout charbon)...

Ainsi s'effondre la possibilité de la liberté et surnage celle de la culpabilité, non justifiée, lorsque l'écart se creuse entre la réalité multiforme et les analyses censées la saisir alors qu'elles ne peuvent le faire en s'appuyant sur des apriori erronés pourtant de plus en plus assénés malgré le démenti du réel, ou à cause de lui.

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Voir également :

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