Faut-il satisfaire les revendications de l'enseignement privé ?

Par LSA Oulahbib

En plaçant leurs enfants dans l'enseignement privé et en payant pour le faire, les parents concernés n'en financent pas moins également l'enseignement public par l'impôt. Mais d'aucuns peuvent observer que les parents choisissant uniquement l'enseignement public financent également l'enseignement privé puisque celui-ci reçoit aussi une part de l'impôt. Certains iront d'ailleurs jusqu'à contester cette possibilité, avec le slogan "l'argent public à l'enseignement public", tandis que d'autres, dont je suis, demanderont que tout cela soit remis à plat.

D'une part parce que certaines données démographiques ont changé en faveur de l'enseignement privé, d'autre part parce qu'il semble absurde de corréler financièrement le prorata de progression des deux types d'enseignement, enfin parce que l'on ne voit pas pourquoi il ne serait pas possible de déconnecter le financement des deux enseignements en adoptant le raisonnement simple suivant : sous contrôle républicain des contenus de programme (pour éviter un enseignement communautariste), chaque parent choisit l'école, publique ou privée, avec le prorata donné que lui ouvre sa part d'impôt.

S'il n'en paye pas, ou peu et choisit néanmoins l'enseignement privé, un système de bourses et de prêts permettront d'aider les moins fortunés comme cela se fait déjà actuellement. Par ailleurs l'enseignement public pourra compenser son manque à gagner (qui existe déjà sans que l'enseignement privé y soit pour grand chose) en devenant plus autonome financièrement. Par exemple en louant ses locaux le soir, le weekend, durant les vacances scolaires, à des organismes de formation, en permettant des synergies avec l'économie: en ouvrant la possibilité à des entreprises pour qu'elles puissent former sur la base de leur propre expérience (Toyota actuellement...) tout en insérant au sein de leurs cours la vision pluraliste et républicaine propre à un service public digne de ce nom.

Pourquoi les partisans transis de l'enseignement public ne vont pas dans cette direction ? Parce qu'ils raisonnent de la même façon que les monopoles politiques (dictature) et affairistes (Cartel) : ils tiennent captifs une population dont ils préfèrent voir s'appauvrir la qualité d'enseignement plutôt que de partager le pouvoir. Par exemple en permettant aux directeurs d'école de faire au moins comme les universités : choisir les enseignants, créer des systèmes de financement autonomes.

Au lieu de cela les partisans intégristes de l'enseignement public tel qu'il a été fossilisé par ceux qui ont intérêt à le laisser dans un tel état, vont plutôt demander à l'Etat plus de moyens, en ne tenant aucunement compte des autres problèmes du pays dans le logement social par exemple, l'équipement en matière de transports, la justice, la recherche, l'université etc. Pourquoi laisse-t-on ainsi faire ?

Parce que la façon d'organiser ainsi le lien entre les deux types d'enseignement relève d'une position idéologique, celle de la suprématie du public sur le privé, qui, paradoxalement, va à l'encontre de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Quel rapport ?

On sait bien en premier lieu que le refus de laisser l'enseignement privé se développer provient d'une volonté politique issue de la Troisième République visant à faire en sorte que l'enseignement ne soit plus sous l'apanage idéologique du religieux. Si cette donne avait sa part de bonnes raisons naguère, nous en sommes plus là aujourd'hui. Surtout si les cahiers des charges permettant d'avoir l'appellation "reconnue d'utilité publique" insistent sur l'objectivité et la pluralité des sources, y compris pour des écoles religieuses...

En second lieu, en insistant sur la compression de l'enseignement privé dans des limites politiques et idéologiques de plus en plus antidémocratiques, on ne sépare pas au sens de distinguer, on oppose, ce qui ne fait que raviver en permanence la césure au lieu d'apaiser les différences en laissant le libre choix qu'un juste équilibre pourrait accompagner pour éviter justement de donner prise à ceux qui n'ont de cesse de crier "inégalité, inégalité, inégalité", que leur politique précisément aggrave...

C'est ce débat, là, qu'il aurait fallu avoir sous Ferry et Fillon pour sauver l'Ecole avant qu'elle ne finisse comme le Concorde. Espérons qu'avec les dernières prises de position de Robien, on aille dans ce sens. Rien n'est moins sûr tant certains se sont appropriés l'enseignement au vu et au su de toutes et de tous.

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