Le président de la République française a avancé deux arguments fallacieux pour justifier son soutien à l'entrée de la Turquie dans l'Union (n'oublions pas qu'à propos du génocide arménien il avait naguère répondu qu'il s'agissait d'un problème bilatéral turco-arménien...) : il a prétendu que la Turquie pourrait basculer dans l'intégrisme si elle n'entre pas dans l'Union et qu'il n'y avait aucun apriori ( "au nom de quoi ?" martella-t-il) pour empêcher l'ouverture des négociations.
Si l'on comprend bien, il suffira pour l'actuel pouvoir turc d'agiter la menace, celle de "basculer" dans le totalitarisme islamiste, à chaque fois que des demandes sembleront trop exigeantes ...
JC confond visiblement la scène sociale française et son habituel chantage du toujours pire. Car il va de soi que la Turquie doit trouver dans ses propres ressources les moyens de choisir plutôt le camp de la liberté que celui du troisième totalitarisme, (ce qui est certes plus difficile à faire qu'à dire, on le voit bien ces temps-ci en France...).
Il n'est pourtant pas possible de penser qu'il faudrait à la Turquie un élément externe, permanent, une béquille, pour se stabiliser. Parce que dans ce cas tout reposerait sur un échafaudage des plus fragiles (c'est ce que l'on a dit aussi pour expliquer aposteriori la montée du nazisme : le Traité de Versailles aurait déstabilisé l'Allemagne). Or si la Turquie ne peut pas trouver en elle-même les forces lui permettant de construire les structures adéquates, elle représentera toujours une menace, ce qui donne plutôt et de plus en plus envie de s'expatrier au Canada ou aux USA, malgré les cyclones.
La négociation commence ainsi bien mal. JC semble quasiment donner le code secret de la Porte d'entrée aux Turcs en leur suggérant donc quasiment d'agiter la menace intégriste pour infléchir des populations réticentes et qui au fond vont bien plus être incitées à dire non le jour venu pour refuser de céder au chantage dont l'aspect financier n'est pas des moindres.
On voit d'ailleurs là tout le caractère hautain d'un JC (en surenchère avec VGE) alors qu'il parle pourtant et de plus en plus le langage de la peur et de la soumission.
Ce débat ne méritait pas cela. Car il ne s'agit pas de militer contre l'entrée de la Turquie par ricochet comme certains le font parce qu'ils se sentent impuissants ou incapables de rattraper les méfaits de leur politique pro-arabe (ou anti-américaine) qui participe, sous nos yeux, à la création d'une génération perdue et de plus en plus incontrôlable, non, la question du bouc émissaire ne peut être qu'écartée.
Par contre les vraies questions doivent être posées sur la motivation profonde des Turcs (qui ne semblent pas vouloir adopter les valeurs de l'UE comme le prétend JC...) tandis que leurs amis-VRP (comme Cohn Bendit qui a encore une fois perdu une occasion de réfléchir), s'empressent d'écarter sur un ton agressif la question de la différence ontologique au niveau culturel en la taxant uniquement d'argument quasi-raciste alors qu'il s'agit bel et bien de toute autre chose puisque on sait bien que l'islam (et pas seulement l'islamisme) n'est pas compatible avec la démocratie pluraliste, du moins du point de vue de la doctrine.
C'est ce débat, là, qui est écarté par ceux-là même qui ne comprennent pas que la question ne consiste pas à montrer du doigt "les" musulmans, mais de souligner qu'en réalité ceux d'entre-eux qui militent pour la compatibilité se sont éloignés en réalité de la conception intégrale et piochent en l'islam tout ce qui justifie leur perception édulcorée, un peu à la façon contemporaine d'utiliser le religieux à sa convenance.
L'autre débat, celui de l'opacité de l'Etat turc, son inertie, son incapacité à impulser l'innovation dans les régions les plus reculées, espérant que l'Europe financera comme elle l'a fait pour l'Irlande, l'Espagne, la Grèce et le Portugal mériterait que l'on s'y arrête un peu plus pour en faire un bilan. Mais ce dernier risquerait de montrer que la vétusté de l'Etat Turc n'est pas spécialement la seule. Cela permettrait aussi de comprendre pourquoi l'Europe est de plus en plus rejetée par les peuples "premiers" de la Construction européenne...JC ne veut pas comprendre...
Après moi le déluge ?...Ou s'agit-il de séduire dès que possible les "musulmans de France", renforçant ainsi l'idée du "ticket" en 2007 que JC prépare avec de Villepin (pas encore assez rôdé pour devenir Président d'ici à un an et demi... plutôt en 2012). L'avenir nous le dit déjà....