La Minute du Sablier

Par LSA Oulahbib

Les contrevérités ont toujours la part belle, puisqu'il est possible de contester, d'embrouiller, en espérant que la trace du faux fasse office de vrai, ne serait-ce qu'en apparaissant, en devenant réel, même un instant : il peut toujours laisser croire qu'il est, quelque part, exact puisqu'il a réussi à être...

Sauf que le problème ne consiste pas à critiquer sa capacité d'existence mais le fait que celle-ci s'avère inutile pour mieux mesurer le réel, voire s'expose comme contre-mesures pour s'en éloigner.

Il en est ainsi par exemple de la future directive visant à ouvrir au sein de l'Europe (et non pas au sein du monde...) certains services à la concurrence (l'italique à son importance, ni les transports, ni l'enseignement ne sont concernés par exemple : hélas...) : qu'apprend-on de réel?

Si l'on en croit le journal Les Echos du mercredi 16 mars 2005 (page 5), une entreprise non française mais membre de l'Union européenne reste soumis à la réglementation du pays d'accueil en terme de sécurité, hygiène, charges sociales, congés payés, indemnisation sur la précarité, temps de travail, salaire minimum, (directive de 1996), mais s'agissant de la paperasserie spécifique du pays d'accueil elle en sera en effet exemptée et soumise à celle de son pays d'origine du moins à concurrence de dix huit mois. Why not ?

Certes, des harmonisations juridiques sont à prévoir, il faut encore raboter avant d'ajuster, (et pas seulement au niveau économique... tout ce qui favorise le communautarisme doit être écarté par exemple); mais, précisément, ce sera le job du futur Parlement prévu par la nouvelle Constitution qui aura un poids législatif et non pas quasiment consultatif comme maintenant ; contrebalançant ainsi le cavalier seul actuel du Conseil européen et son jeu de poker menteur avec une Commission qui ne fait en réalité que mettre en chantier des directives prévues depuis des lustres (Maastricht, Nice...), pour accroître la prospérité et non pas la restreindre...

Aussi le fantasme villierien de voir débarquer des millions de polonais proposer la pose d'un joint à un robinet qui fuit trois fois moins cher qu'actuellement revient au fond à reprocher aux consommateurs de plutôt faire leurs courses au quotidien plutôt chez Leclerc, ED, Leader price, que chez Fauchon...

Il est risible d'observer le petit bigleux landais du PS, qui voit Vichy partout, suivre le pas du marquis vendéen ; il ne voyait rien au temps du socialisme réel et soutenait même des programmes communs avec les complices du meurtre de masse. De leur côté leurs clones du trotskisme de papa traitent d'escrocs les partisans du "oui" ; ils feraient mieux de se demander pourquoi les solutions qu'ils préconisaient en Algérie, à Cuba, en Yougoslavie, n'ont pas marché et se sont même renversées en leur contraire en créant la tyrannie et la pauvreté de masse...

Dommage que certains partisans du "oui" s'affolent en suivant les craintes du principal obstacle à la réforme en France : Jacques Chirac. Ce personnage qui prétend à un troisième mandat écolo-gaulliste alors qu'il fait partie de cette génération qui voulait transformer le boulevard saint Michel en autoroute urbaine (plutôt que de le prolonger jusqu'à la mer), fait tout ce qu'il faut pour aider le corporatisme syndical et affairiste à dévorer les derniers quartiers, les "souris", qui persistaient encore ici et là comme viande fondante, atours d'une France innovante, brillante et belle que le monde entier enviait.

Aujourd'hui, il suffit de nuire un jour de semaine (alors qu'une manifestation le samedi ne donne rien comme le faisait judicieusement remarquer un syndicaliste CFDT) pour espérer déguster les quelques brioches que Marie-Chiraquette a commandé à la raffinerie du premier ministre dont les gesticulations doivent faire rire jusque dans les villages africains ou alors ce serait à ne plus rien comprendre aux effets que peuvent déclencher certaines singeries.

Par contre il en est qui ne font pas rire, du tout, par exemple en Chine, où d'aucuns prétendent écraser plus petit que soi sous le seul prétexte que celui-ci préfère ne pas usurper une Histoire qui n'appartient pas à des dirigeants qui ont trahi la Chine depuis 1949 en tuant bien plus que les japonais et les méchants occidentaux...

Il en est de même d'ailleurs en Iran de plus en plus prêt à tuer des millions de musulmans pour assouvir la revanche d'Ali, faire pièce ainsi aux autres voyageurs de la Machine à remonter le temps islamique.

Un Iran qui vient de faire alliance avec Chavez du Venezuela. Pour être plus près des USA lorsqu'il sera décidé d'envoyer une bombe sur Israël ? Peut-être, avec le calcul suivant que l'on peut imaginer -en espérant se tromper :

En envoyant la bombe, tout en faisant en sorte de faire croire qu'Israël l'a envoyé en premier (en envoyant des faux vrais leurres par exemple), la riposte sera immédiate, mais il est possible qu'elle soit seulement israélienne.

Les USA, bien que touchés simultanément par un missile venant du Vénézuela (installé par des espions islamistes iraniens qui l'aurait amené pièce par pièce via les valises diplomatiques) hésiteront à raser l'Iran car la pression mondiale sera sûrement forte pour ne pas "ajouter du crime au crime", pour ne pas faire payer au peuple iranien la folie de ses dirigeants, -la situation n'étant pas la même qu'au temps fort de l'adhésion de masse au nazisme, voire au khomeynisme ; cela permettrait à la junte islamiste iranienne de survivre, se préparant à subir un assaut terrestre, mais espérant que cette fois les masses musulmanes mondiales suivront, aidées en ce sens par les alterislamistes du monde entier qui n'ont qu'une seule idée en tête : abattre le Système américano-sioniste...

Sans aller jusqu'au bout de ce scénario catastrophe sûrement improbable (il faut l'espérer) l'alterislamisme a de beaux jours devant lui lorsque l'on voit la manière dont les propos de Bat Ye'or sur la dhimmitude sont tournées en ridicule dans les deux derniers numéros du Point alors qu'ils relatent des faits et guère des fantasmes.

Un argument contraire et supposé décisif est agité par ses adversaires : les juifs ont bien moins souffert sous domination musulmane que chrétienne. Cet argument ne tient pas historiquement : les juifs ont commencé à souffrir massivement en Occident lorsque précisément leur statut change et les fait citoyens à part entière ; tant qu'ils restent inférieurs, comme dans les pays musulmans, jusqu'à l'intervention des pays européens qui les libère de leur situation, les juifs ne subissent de destruction massive comme ont connu les arméniens bien avant 1940. Lorsque les juifs restent juifs tout en étant aussi bon citoyens allemands, français, alors ils dérangent, ils concurrencent, ils deviennent les boucs émissaires, et le complot judéo-maçonnique, les protocoles de Sion etc surgissent.

Par ailleurs, les travaux rigoureux de Moïse Rhamani et les réflexions d'Albert Memmi montrent bien que plusieurs millions de juifs ont dû fuir les pays du national-islamisme depuis 1948.

Tout cela montre donc bien comment se construit la victimisation d'un islam accueillant et tolérant depuis le début, -(ce qui reste faux ou éphémère, même si les lourdes taxes des byzantins furent en effet des repoussoirs- et les ukrainiens et les lituaniens accueillirent aussi les nazis en sauveurs-), or, si l'on lit, par exemple, Histoire de l'Afrique du Nord de Charles-André Julien (Payot), on s'apercevra bien que les révoltes, celle des kharijistes, des Berghwata avec l'hérésie d'un Salih comme le relate également Gabriel Camps dans Les Berbères par exemple (éditions errance), furent réprimés dans le sang.

A l'époque contemporaine un Saddam Hussein tua des centaines de milliers de bon musulmans, pourquoi en aurait-il pas été de même, du moins dans l'intention, mille ans auparavant ?

Le plus agaçant réside donc toujours bien dans cette minorisation de la vérité, préparant ainsi les esprits à l'acceptation progressive de l'innommable. En France, en Europe, et dans le Monde.