La Minute du Sablier

Par LSA Oulahbib

Les manifestations pour la démocratie au Liban et aujourd'hui en Egypte montrent que ces populations sont traversées elles-aussi par d'autres motivations que celles, mutilantes, qui les confinent aux seuls racines issues du passé ou imprimant une partie de leur identité.

Il ne suffira plus bientôt de parler de monde "arabo-musulman" comme s'il s'agissait d'une planète à part, alors que ce monde est bien plus divers et ouvert, ethniquement, religieusement, culturellement, que les dictatures qui le parasitent le laissent entendre, produits d'un nationalisme moribond ne tenant debout que par la haine du juif et les rustines d'un autre nationalisme, franco-français, lui aussi en perte de vitesse.

Mais celui-ci est prêt à tout pour sauver une Administation qui s'est appropriée l'Etat, afin de préserver ses privilèges et leur dorure, en bradant par exemple Taïwan par le réarmement chinois, en avançant de façon contradictoire au Proche Orient, soutenant certes l'opposition libanaise, mais permettant l'armement nucléaire iranien qui menace celle-ci, on le voit déjà avec le Hezbollah que la France soutient dans certaines officines, jusqu'à celle de la francophonie alors qu'Israël s'y trouve exclu.

Ce privativisme, cette appropriation illégitime effectuée par quelques-uns au nom de l'Intérêt général (comme d'autres le font au nom de l'Intérêt du marché lorsqu'ils cartélisent ou vendent même l'épée qui servira à les décapiter), cet affairisme d'Etat s'effectue avec l'aide du corporatisme syndical qui ne veut pas comprendre que l'augmentation éperdue et infinie du budget public ira à terme contre toute posssibilité de préserver un Bien commun digne de ce nom s'il n'existe pas une ouverture réelle permettant, par exemple :

-que l'école, le lycée, puissent choisir leurs enseignants, leur pédagogie, diversifier leur financement qui n'opposerait pas cours de grec ancien et cours de commerce sur Internet ; enseignement long et formation courte ; idem pour l'Université qui a certes le droit de choisir ses enseignants mais pas celui de les payer mieux selon leur capacité à créer de la valeur ajoutée en améliorant leurs prestations, en devenant les vecteurs de recherche et de communication qui font la renommée des universités américaines.

-que la SS n'ait plus le monopole de la Solidarité, en permettant sur le marché national une réelle concurrence, et une alliance sur le marché mondial, à la façon des entreprises automobiles qui s'opposent sur tel marché et s'allient sur d'autres, afin de réduire les coûts en élargissant l'échelle de production, ce qui permettrait à terme de réduire les charges sociales en particulier pour les petites et moyennes entreprises.

-que le système de Santé, les hôpitaux en particulier, s'ouvre au vaste domaine de la remise en forme, permettant qu'une kinésithérapie, une thalassothérapie, mais aussi les diverses thérapies à même de reconstruire une estime de soi, deviennent de plus en plus à portée de tous.

-que le déploiement de la ville à la campagne soit de plus en plus effectif, le haut débit communicationnel partout et à moindre coût, un habitat plus équilibré, intégrant aussi le solaire et la biomasse dès sa construction, un transport pensant à l'hydrogène, une immigration plus étalée, une mixité ethnique donc, pas seulement sociale et sexuelle, bref, tout un nouvel aménagement du territoire et des relations urbaines, humaines, qui n'oppose pas, ne centralise pas, mais anime, harmonise, articule privé et public, écarte le multiculturalisme au profit d'une laïcité intégrant, n'effaçant pas la diversité culturelle qui en accepte les fondements, etc...

Pourquoi faudrait-il que toutes ces idées, dont l'effet multiplicateur peut générer emploi et prospérité, restent des voeux pieux, mais se voient réaliser ailleurs en Europe et dans le monde ?

Le Financial Times a indiqué dans son édition du vendredi 11 Mars 2005 l'existence d'un rapport provoquant montrant que l'Europe se trouvait, en moyenne, au niveau des USA en...1970.

Pourquoi doit-on encore laisser les mêmes discours pérorer en haut de l'affiche sans qu'il ne soit pas possible de les critiquer, de les concurrencer ? Des milliers de livres ont été écrits, les rapports par centaines sont soumis à la réflexion rongeuse des souris dans les combles de l'Administration, sans que rien ne se passe, comme si l'on attendait la catastrophe, toucher le fond pour enfin remonter, sauf que le fond disparait.