Par LSA Oulahbib
S'il s'agit de montrer les méfaits de l'intervention anglo-américaine de leurs alliés et de leurs collabos pourquoi ne pas laisser plutôt les journalistes, en particulier les plus sympathisants, faire leur travail ? Ils pourraient dévoiler les détails d'une occupation féroce et à visée impérialiste. Ils démontreraient que la guérilla est largement soutenue, que tout le peuple est derrière elle, qu'il ne s'agit plus que d'une question de mois voire de semaines pour que les traîtres soient renversés, comme il était déjà monnaie courante de l'indiquer cet été, de l'espérer dans certains médias français.
Comment se fait-il que les valeureux résistants irakiens n'aient pas saisi cette opportunité ? Le monde entier aurait enfin vu un pays sous la botte bushiste se défendant ardemment. Avec des centaines de milliers, des millions d'hommes et de femmes dressant des barricades, se battant mains nues contre les tanks impérialistes, des photos superbes, des prix Politzer, Cannes, Venise, le Conseil de sécurité, un scandale énorme bien plus monumental que les sévices carcéraux, tout était possible !... On ne vit rien venir, hormis les carnages et les décapitations.
Certes, certains combattants s'arrangent pour avancer l'argument terrible de journalistes espions. Hélas, ce propos ne tient pas une seule seconde, il suffit de vérifier leurs papiers, de s'informer à Beyrouth, au Caire, à Dubaï, à Damas, en même temps que l'on se montre dans une cassette de mauvaise série B filmant de valeureux exploits (à cinq tirant dans tous les coins au milieu de nulle part ou s'affichant sur une carcasse encore fumante).
On peut encore rétorquer qu'il s'agit de groupes épars, de résistants spontanés illettrés, incapables de comprendre l'utilité d'une médiatisation, celle de leur lutte : faux et archi faux puisqu'ils montrent bien les images de leurs supposés exploits jusqu'aux plus sordides, donnent même des interviews ici et là, Time magazine en a passé quelques-uns. S'agit-il de bandits ? Mais pourquoi dans ce cas les appeler "résistants"?...
Alors ? Il faut bien plutôt convenir, à moins d'accepter l'abrutissement généralisé et le mou médiatique actuel pour demeurés mentaux, que ces dits "irakiens" comme les nomment si gentiment nos ex-otages, cherchent bien plutôt à ce que leur nombre infime et leur isolement ne soient pas ébruités.
Imaginons qu'ils cessent leur tuerie quotidienne, que se passerait-il? On les oublierait bien vite à l'aube d'élections, d'un début de vie démocratique avec bien sûr son lot d'ambitions et de conflits, etc... Chose impensable évidemment pour un salafiste bon teint qui rêve à cette société sans danse sans cerf volant sans applaudissements, sans femmes bien sûr hormis les sacs à patates sur pattes, (sans chasse aussi...) qu'avaient réussi à créer les Talibans.
Ils leur faut donc contrôler les images, créer l'illusion d'une lutte anticolonialiste classique pour museler encore plus les opinions désemparées et trompées des Etats européens sur lesquels les nationaux-islamistes peuvent compter pour imposer leur racisme qui interdit à tout étranger à tout autre personne ayant une opinion différente de vivre en Irak et ce non pas à cause de ce qu'ils font, mais de ce qu'ils sont.
Il a fallu que la confusion émulsionnant de la libération des deux otages français atteigne des sommets inouis pour qu'enfin le pot aux roses puisse être perçu dans une clarté insoutenable mais qui peut faire tilt : celui d'une lutte féroce pour un contrôle absolu des images et des opinions, comme dans le conflit judéo-arabe, où pas un seul palestinien n'est interviewé pour exposer un avis contraire à la direction actuelle et passée. N'est-ce pas étrange qu'il n'y en ait pas un seul qui puisse dire à la TV palestinienne son désaccord, ses espoirs, son projet ?
La manip est énorme en réalité, et dévoile peu à peu son ignominie.